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.Une foule bruyante de propriétaires et de paysans se pressa autour de l'aire ; le percepteur Philamon ordonna de dresser de petits édicules en bois où, à l'abri du soleil, les fonctionnaires procédèrent à l'enregistrement des gerbes et calculèrent les taxes.Neuf aller et retour furent nécessaires pour acheminer la totalité de la récolte.Non seulement Philae serait bien nourrie, mais encore elle vendrait une partie de son blé.Alors que beaucoup d'agriculteurs, victimes de l'insuffisance de la crue, arboraient une mine défaite, Sabni se réjouit de la générosité de ses terres.Comme chaque année, les inspecteurs du fisc furent d'une lenteur exaspérante : pas un grain ne devait échapper à leur vigilance.Libérées les unes après les autres, les gerbes revinrent sur le dos des grisons qui prirent tantôt la direction des greniers publics, tantôt celle des granges privées.Grignotant des oignons et des galettes, Sabni patienta en compagnie des autres propriétaires.Alors que le soleil déclinait, le produit de son champ demeura bloqué sur l'aire.Les scribes devraient se hâter s'ils voulaient en terminer avant la nuit.Bientôt, près des bureaux provisoires désertés, ne restèrent plus que Sabni et un fermier possédant de maigres terrains.Inquiet, le supérieur s'adressa au percepteur qui commençait à plier bagage.—J'aimerais connaître le montant de mes taxes et reprendre mon dû.— Dénomination du propriétaire ?— Vous le savez bien : Philae.—Je vérifie.Philamon s'entretint quelques instants avec le scribe pressé de partir.— Vos taxes sont nulles.Vous ne paierez que la location des ânes.— C'est invraisemblable.Ma récolte est abondante !— En effet ; mais elle est en totalité réservée à l'armée.— Vous vous trompez.— En vingt ans de carrière, je n'ai pas commis une seule erreur.— Philae est un domaine privé.Interrogez le préfet.— Si vous avez une plainte à déposer, présentez-vous demain à mon bureau.* * *Les locaux de l'administration fiscale ouvrirent à l'aube.Une queue s'était déjà formée ; de nombreuses contestations seraient formulées, peu d'entre elles retenues.Quand vint le tour de Sabni, l'inspecteur consentit à consulter son collègue qui avait donné la consigne d'expédier à la caserne la récolte du temple.Peu aimable, il relut le texte, sembla gêné.Sans fournir d'explication, il disparut et revint quelques minutes plus tard en compagnie de Philamon.— Mon subordonné a commis un impair, reconnut le percepteur.Sabni respira mieux.— Désirez-vous porter plainte contre l'administration ?— Quand obtiendrai-je le blé ?Le petit homme se mordilla l'index.— Ce détail pose problème.Ce sera extrêmement difficile.— Pourquoi donc ?— Votre récolte est déjà entreposée dans les greniers militaires.De ce fait, elle appartient à l'armée.Il faudrait un décret épiscopal, contresigné par le préfet, pour opérer un transfert.* * *— Tu signeras ce décret, Théodore.Toi, un homme de Dieu, ne peux accepter une injustice.— Ne t'emporte pas, Sabni.Ne prétend-on pas qu'un adepte d'Isis conserve son calme en toutes circonstances ?— Tu veux affamer le temple et nous obliger à le quitter, même au prix de l'illégalité que tu as tant combattue.L'évêque soutint le regard de son ami.— Dieu se situe au-dessus des lois humaines.— Au temps des pharaons, il en formait le socle.Ton dieu justifie trop aisément les malversations de ses serviteurs.— Ta vue est bien courte ; les murs du temple la limitent.Le temps vient de les abattre pour ton propre salut mais j'ai signé le décret qui te restitue ton bien.Si tu n'as plus confiance en moi, porte le toi-même à Maximin.— Il me chassera comme un chien galeux.— Tu es un citoyen respectable puisque tu payes tes impôts.Sans doute as-tu raison de te méfier de Maximin ; c'est un homme imprévisible.Reviens ce soir.L'après-midi durant, Sabni erra dans les ruelles d'Éléphantine, se désaltéra dans une taverne, marcha le long des quais.Il se mêla à des conversations où revenait souvent le nom d'Isis la guérisseuse, dont le savoir serait seul capable de faire monter les eaux de la prochaine crue.On parlait aussi du massacre d'une escouade envoyée vers le sud pour repérer les gisements d'or et mise en pièces par des milliers de Blemmies ; d'où la proclamation de l'état d'urgence et la consolidation des fortifications
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