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.La boîte à fards portait le nom significatif de « celle qui ouvre la vue ».Autour de sa taille, Pazair passa la ceinture en perles d’améthyste, comportant des parties en or repoussé que Néféret aimait tant.— M’accompagneras-tu au palais ?— Mon intervention y est souhaitée.— J’ai peur.Néféret ; peur d’avoir déçu le roi.Elle se pencha en arrière, sa tête reposa sur l’épaule de Pazair.— Ma main restera dans ta main, murmura-t-elle ; mon bonheur, c’est de me promener avec toi dans un jardin retiré, où seule s’élève la voix du vent.Ta main restera dans la mienne, car mon coeur est ivre de joie quand nous sommes ensemble.Que désirer d’autre, vizir d’Égypte ?*Renouvelée trois fois par mois, le premier, le onze et le vingt et un, la garde du palais, à chaque entrée en service, recevait de la viande, du vin et des gâteaux s’ajoutant à la solde normale, versée en céréales.Pour l’arrivée du vizir, les hommes formèrent une haie d’honneur ; sa venue serait l’occasion d’une belle prime.Un chambellan accueillit Pazair et Néféret, et leur fit les honneurs du palais d’été.À l’antichambre aux murs blancs et aux dallages colorés, succédaient plusieurs salles d’audience, ornées de carreaux vernissés jaunes et bruns, avec des pointes de bleu, de rouge et de noir.Dans la salle du trône, les cartouches contenant le nom du roi formaient des frises.Les pièces de réception, réservées à l’accueil des souverains étrangers, étaient un chatoiement pictural : nageuses nues, oiseaux en vol, paysages de turquoise enchantaient l’oeil.— Sa Majesté vous attend au jardin.Ramsès aimait planter des arbres ; selon les voeux des anciens, l’Égypte ne devait-elle pas ressembler à un immense jardin où les essences les plus diverses vivraient en paix ? Un genou en terre, le roi greffait un pommier.À ses poignets, ses bracelets préférés, en or et en lapis-lazuli, dont la partie supérieure, était ornée de canards sauvages.À une dizaine de mètres, le meilleur garde du corps de Ramsès : un lion à demi domestiqué, qui avait accompagné le jeune roi sur les champs de bataille d’Asie, au début de son règne.Baptisé « le massacreur d’ennemis », le fauve n’obéissait qu’à son maître ; quiconque se serait approché du souverain avec des intentions hostiles eût été déchiqueté.Le vizir s’avança ; Néféret patienta à l’intérieur d’un kiosque, près d’un bassin où folâtraient des poissons.— Comment se porte le royaume, Pazair ?Le roi tournait le dos à son vizir.— Au plus mal, Majesté.— Des ennuis, lors de la cérémonie des tributs ?— L’ambassadeur d’Asie est fort mécontent.— L’Asie est un danger permanent ; ses peuples n’apprécient pas la paix.Ils en profitent pour préparer la prochaine guerre.J’ai renforcé les frontières de l’est et de l’ouest ; une chaîne de forteresses empêchera les Libyens de nous envahir, une autre les Asiatiques.Archers et fantassins ont reçu l’ordre de guetter jour et nuit, et de communiquer entre eux par signaux optiques.Ici, à Pi-Ramsès, je reçois des rapports quotidiens sur les manoeuvres des principautés d’Asie ; et je reçois d’autres rapports concernant les activités de mon vizir.Le roi se releva, se retourna, et fit face à Pazair.— Certains nobles se plaignent ; certains chefs de province protestent ; la cour se sent dédaignée.« Si le vizir se trompe, dit la Règle, qu’il ne cache pas son erreur sous le boisseau ; qu’il la rende publique et fasse savoir qu’il se rectifie.»— Quelle faute ai-je commise, Majesté ?— N’as-tu pas sanctionné des dignitaires et des hauts fonctionnaires en leur infligeant une bastonnade ? Les exécuteurs de ces basses oeuvres auraient même chanté : « de beaux cadeaux pour vous qui n’en avez jamais reçu de semblables ».— J’ignorais ce détail, mais la loi fut appliquée, aux riches comme aux humbles.Plus le rang du coupable est élevé, plus le châtiment est sévère.— Ne renies-tu rien ?— Rien.Ramsès donna l’accolade à Pazair.— J’en suis heureux ; l’exercice du pouvoir ne t’a pas changé.— Je craignais de vous avoir déçu.— Les commerçants grecs m’ont adressé une plainte qui remplit un interminable papyrus.Aurais-tu contrarié leur négoce ?— J’ai mis fin à un trafic illégal de monnaie et à l’installation de banques sur notre territoire.— La marque de Bel-Tran, bien sûr.— Les coupables ont été expulsés, et la principale source financière de Bel-Tran est coupée ; déçus, certains de ses amis s’éloignent de lui.— Dès qu’il prendra le pouvoir, il introduira la circulation de l’argent.— Il nous reste quelques semaines, Majesté.— Sans le testament des dieux, je serai contraint d’abdiquer.— Un Bel-Tran affaibli pourra-t-il régner ?— Il préférera détruire plutôt que de renoncer.Les hommes de son espèce ne sont pas rares ; jusqu’à présent, nous avions réussi à les écarter du trône.— Espérons encore.— Que nous reproche l’Asie ?— Bel-Tran a fait envoyer de l’or de mauvaise qualité.— La pire des injures ! L’ambassadeur t’a-t-il menacé ?— Une seule solution pour éviter un conflit : offrir le double de la quantité prévue.— En disposons-nous ?— Non, Majesté ; Bel-Tran avait pris soin de vider nos stocks.— L’Asie considérera que j’ai trahi ma parole.Raison de plus qui justifiera mon abdication.Bel-Tran jouera les sauveurs.— Il nous reste peut-être une chance.— Ne me fais pas languir.— Souti se trouve à Coptos, accompagné d’une déesse d’or ; disposerait-il d’indications sur un trésor facile d’accès ?— Pars le rejoindre et interroge-le.— Ce n’est pas si simple.— Pourquoi ?— Parce que Souti est à la tête d’une bande armée ; il a chassé le maire de Coptos et contrôle la ville.— Situation insurrectionnelle.— Nos troupes encerclent Coptos ; je leur ai interdit d’attaquer.L’invasion fut pacifique, aucun blessé à déplorer.— Qu’oseras-tu me demander, Pazair ?— Si je parviens à convaincre Souti de nous aider, l’impunité.— Il s’est évadé d’une forteresse de Nubie et vient de commettre un acte d’insubordination d’une exceptionnelle gravité.— Il fut victime d’une injustice et a toujours servi l’Égypte avec passion ; cela ne mérite-t-il pas l’indulgence ?— Oublie ton amitié, vizir, et conforme-toi à la Règle.Que l’ordre soit rétabli.Pazair s’inclina ; Ramsès, accompagné du lion, se dirigea vers le kiosque où Néféret méditait.— Êtes-vous prête à me supplicier ?*L’examen du médecin-chef dura plus d’une heure.Elle constata que Ramsès le grand souffrait de rhumatismes, contre lesquels elle prescrivit des décoctions quotidiennes d’écorce de saule{24} et jugea qu’il était urgent de refaire plusieurs plombages.Dans le laboratoire du palais, Néféret prépara un amalgame composé de résine de pistachier, de terre de Nubie, de miel, d’éclats de meules broyés, de collyre vert et de parcelles de cuivre, et conseilla au roi de ne plus mâcher de pousses de papyrus sucrées afin d’éviter des caries et une usure précoce des dents.— Êtes-vous optimiste, Néféret ?— Pour être tout à fait sincère, je redoute un abcès à la base d’une molaire supérieure gauche
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